L’habitat d’aujourd’hui utilise souvent des bâtiments dont la fonction primitive était, en tout ou en partie, dévolue à d’autres activités
L’habitat d’aujourd’hui utilise souvent des bâtiments dont la fonction primitive était, en tout ou en partie, dévolue à d’autres activités. La structure et l’architecture de ces bâtiments rappellent leur destination originelle: une ferme en quadrilatère pour la gestion d’une exploitation agricole, de grands plateaux ouverts et largement éclairés de sheds pour des activités industrielles, une forme tronconique et élevée pour un ancien moulin à vent, la vitrine en bois d’un commerce de la fin du XIXe siècle…
À la campagne, ce sont les bâtiments de ferme en brique couverts de tuile, où, à côté du logis, on trouvait
souvent une grange aux pignons débordant (winberge) et, en fonction du type et de l’importance de l’exploitation, une étable, une écurie, une porcherie, une laiterie, un fournil, un colombier, un chenil, etc.
Plus fréquents encore sont les témoignages de maisons «sans architecte», au style inclassable et à la décoration très sommaire, n’offrant que quelques pièces de vie derrière de modestes façades uniformes de briques ou de pierre. Des rues entières conservent des alignements d’habitat ouvrier (textile, métallurgie, industrie de la pierre) développé aux XIXe et XXe siècles. Individuellement, ces maisons présentent peu d’intérêt, mais leur valeur d’ensemble peut être importante.
De même la succession dans une rue villageoise de volumes bas et longilignes en brique naturelle ou peinte, aux toitures en bâtière couvertes de tuiles de terre cuite, participe à la cohérence urbanistique et au «cachet» de tout un hameau ou un quartier.
Les standards actuels de confort et de salubrité permettent rarement de conserver ces édifices en l’état sans y apporter des restructurations intérieures et extérieures substantielles. Un principe de base doit cependant être respecté : réhabiliter ou reconvertir un bâtiment pour en faire du logement, des bureaux est toujours possible, mais en conservant, en façade, le maximum d’éléments rappelant la fonction antérieure. Si de nouveaux volumes sont nécessaires, ceux-ci doivent s’intégrer dans le bâti existant.
En fonction du type d’immeubles, ce respect de l’intégrité des façades portera sur:
- fermes : respecter la volumétrie générale et la hiérarchie des différents volumes ; conserver les éléments de détail : clochetons, colombiers, frises, portails ; garder la simplicité des matériaux de parements et de couverture, des châssis, des teintes ;
- bâtiments industriels : respecter la sobriété et le rythme des ouvertures, ainsi que la simplicité et la géométrie des châssis ;
- bâtiments publics : il existe toute une typologie d’édifices réaffectés mais qui conservent la marque de leur fonction antérieure et demandent une certaine sobriété dans les interventions (écoles, maisons communales, cures, gares ou maisons de garde barrière, bibliothèques…). Certains de ces édifices sont situés au centre du quartier ou du village et occupent une position bien en vue, voire présentent une certaine monumentalité ou une architecture très démonstrative ;
- moulins : limiter les nouvelles ouvertures, conserver les différentes machineries lorsque c’est possible ;
- commerces : lorsqu’ils présentent de l’intérêt, conserver les vitrines, les enseignes, les inscriptions commerciales témoignant des fonctions anciennes de l’édifice.
Architecture